Une histoire d’élevage : un témoignage à partager…
Article de Cécile Augier Legrand
Eleveurs de frisons depuis une bonne dizaine d’années, l’aventure commença avec l’achat d’une pouliche Arianne 3ème prime née d’un étalon Veulenboek (du livre des poulains) Oeds fils de Foppe 290 et de la jument Nathali du Stam 13 par Wessel 237 dans un élevage de l’Aisne à l’automne 92. Elle est entrée au Stamboek Bb1 à 4 ans. Je me suis intéressée à son pedigree seulement lorsque j’ai souhaité avoir d’elle un poulain. J’ai alors pris contact avec l’AFCF afin de savoir quel intérêt il pouvait y avoir à utiliser un étalon Stamboek sur une jument du Livre Supplémentaire I (Bijboek I = papier de couleur marron à partir de 1993) plutôt qu’un étalon Veulenboek encore autorisé à saillir en France par le KFPS !!! Et à l’époque, Nathalie Dumont me répondit que selon le règlement du Stud-book, il fallait 3 générations d’étalons Stamboek pour ramener le pedigree dans le Livre Principal (papier jaune & vert).
Aussi mon choix fut vite fait ! Quitte à faire naître, autant tenter de revenir dans le livre principal mais si possible en améliorant le modèle et les allures de ma jument de base. Et ainsi naquit notre première pouliche (aussi premier poulain de la maison), Tanit de Val Castel 2ème prime, fille de l’étalon Teunis 332 que nous avons gardée et élevée… à son tour sa première naissance fut une pouliche, Hannah de Val Castel 2ème prime, fille de l’étalon Tsjerk 328 que nous avons aussi élevée… et cette année, celle-ci nous donna à son tour une pouliche, Trinity de Val Castel 2ème prime de l’étalon Jacob 302, la 3ème génération était née !
Ainsi Trinity est la 1ère pouliche en France et peut-être au monde issue d’une lignée Bijboek I à revenir et donc à être inscrite au Livre Principal… elle a donc une carte pedigree de couleurs jaune & vert.
Arianne descend d’une grande lignée maternelle, du Stam 61, par la jument Tjimkje Stb Ster + Pref (mère de l’étalon Stamboek Tjimme 275) mère de la jument Piertsje Stb, une des premières pouliches importées en France à la fin des années 70 et qui n’est autre que l’arrière grand-mère d’Arianne.
Nous sommes très heureux d’avoir persévéré jusqu’à présent dans l’élevage avec la lignée d’Arianne, d’autant plus que la grand-mère de Trinity, Tanit de Val Castel est passée Ster 2ème prime à 5 ans, ainsi que sa mère Hannah de Val Castel, elle, à 3 ans… mais surtout parce que cela m’a permis de mieux connaître la race, de parfaire mon expérience au niveau de l’élevage au fil du temps. Il est donc possible de produire de bons chevaux frisons avec des issus de BB1, ces chevaux ne sont pas forcément, comme beaucoup le disent, de mauvais frisons ou des « sans papiers » !!! Certes je reconnais que la chance nous a favorisés puisqu’à chaque génération la première naissance fut une pouliche. Bien sûr avec un meilleur pedigree à la base, le patrimoine génétique est potentiellement supérieur toutefois cela ne garantit pas forcément de bons résultats (il y a la qualité et les conditions d’élevage).
J’aurai pu revendre Arianne en raison de son « mauvais » papier ! J’aime ma jument avant tout et je suis passionnée par l’élevage, la génétique… c’est d’ailleurs mon métier : étant agricultrice, éleveur de vaches inscrites au fichier de la Race Gasconne. Pour finir, je voulais juste préciser que beaucoup de juments avec d’excellent pedigree ont été importées dans les années 70/80 en France et que certaines ont reproduit avec des étalons Veulenboek autorisés, leurs filles aussi et ainsi de suite pendant une vingtaine d’années en France. Les filles de ces juments sont là et méritent tout autant de rester dans l’élevage au même titre que les issues du registre principal pour autant que leur accouplement se fasse avec des étalons Stamboek de façon réfléchie. Pour les personnes qui n’ont pas connu cette époque : leurs pères avaient fait l’objet d’une sélection et leur autorisation de saillir était renouvelée ou pas tous les ans ; tout comme les étalons Stamboek qui sont où pas approuvés sur leurs descendances. Il y a eu de « bons » étalons Veulenboek tout comme il y a de « mauvais » étalons Stamboek retirés de l’élevage mais là aussi il faut prendre du recul car il ne faut pas perdre de vue l’influence de la jument. Juste pour dire qu’il faut croire en nos chevaux et qu’ils nous le rendent bien au quotidien.
Voilà, je tenais à témoigner de cette histoire… mais peut-être, aussi, encourager ceux qui ont encore des juments issues d’étalons VB et qui, soit n’élèvent plus, ou soit, pour la raison que l’on connaît, n’utilisent plus que des étalons sans autorisation de saillies, se disant que ce n’est pas la peine « d’investir » dans une saillie d’étalon Stamboek.
Cécile Augier Legrand